Upper Structures (Olivier Chabasse)

Depuis de nombreuses années j’ai essayé de retranscrire au Stick Chapman ce que les pianistes ou les guitaristes explorent au niveau de l’harmonie Jazz. J’ai abordé les techniques de guitares (voir pdf 3-Notes Chords ou Spread Triads). Mais cela ne m’a pas entièrement convaincu, car le Stick n’est pas une guitare.

Un peu par hasard j’ai découvert des tutoriels de piano sur Internet décrivant ce concept d’Upper Structures (que l’on pourrait traduire en français par « enrichissement d’accord »).

Pour résumer c’est le fait de mélanger deux triades simples main gauche, main droite pour obtenir un accord complexe, intégrant la plupart des extensions et des altérations possible. Et ce qui marche au piano marche très bien au Stick Chapman car nous pouvons faire un accord à la main gauche et un accord à la main droite. La main gauche fera entendre les notes simples de l’accord (généralement tierce et septième) et la main droite les degrés supérieurs (neuvième, onzième, treizième et leurs altérations).

On pourra jouer avec toutes les natures des triades : majeur, mineure, sus4 ….

Pour ne pas se contenter d’une harmonie plaquée, la main gauche pourra jouer des walking bass en intégrant les accords dans les espaces, la main droite jouer les accords en arpèges, en patterns rythmiques ….. toutes les combinaisons sont possible.

Le principe général étant de ramener une harmonie très complexe en une association de deux triades très simples.

Par exemple si on joue : D majeur sur C7, on se retrouve avec un C7(9/#11/13). Soit C7 à la main gauche (do/mi/sib) et D majeur à la main droite (ré/fa#/la).

Et donc : tonique/3 maj/7b/ main gauche et 9/#11/13/ main droite.

Pour prendre un exemple plus simple, si l’on joue triade de G majeur sur Cmaj7 on obtient un Cmaj7/9. Soit Cmaj7 à la main gauche (do/mi/si) et triade de Gmaj à la main droite (sol/si/ré).

Et donc : tonique/3 maj/7 maj/ main gauche et 5/7 maj/9 main droite.

On peut si l’on veut équilibrer l’accord enlever la 7 majeure à la main gauche pour éviter la doublure avec celle de la main droite. Ce qui libère des doigts de la main gauche pour une éventuelle walking bass. Mais ce n’est pas obligé et je vous conseille au début de jouer les accords complets sans vous souciez des doublures.

Le principe est très simple, la mise en action beaucoup moins ….. comme d’habitude. Car je n’ai pas trouvé de réelle logique à l’association des triades donc il faut les mémoriser. C’est pourquoi j’ai rajouté un petit tableur ou les accords sont écrit en degrés (chiffre romain). Par exemple on peut transcrire D/C7 comme étant II/I7.

Donc si on veut le même accord en sol on fera II/I7 soit A/G7 pour obtenir un G7(9/ #11/13). Et ainsi de suite. Dans ce même tableur j’ai ajouté une colonne ou je mets les notes de main droite qui vont se retrouver au chant pour vous permettre d’harmoniser une mélodie.

Évidemment les triades fonctionnent avec leurs trois renversements, principalement à la main droite car les positions d’accords de main gauche au Stick n’offrent pas beaucoup de possibilités.

Ce qui permet néanmoins pas mal de couleurs différentes de voicing.

Ce concept requiert beaucoup de pratique pour pouvoir mémoriser ces mélanges de triades. Mais avec le temps on y arrive. Commencez par mémoriser les accords qui vous plaise et intégrer petit à petit des accords plus altérés que l’on entends pas forcément bien spontanément. Essayez d’intégrer ces voicing dans les morceaux que vous jouez déjà.

Comme cela fonctionne avec des triades on pourrait mixer cette technique avec le concept de Sread Triads (triades ouvertes). Mais vu que les aiguës du bloc basse et les graves du bloc aigüe sont dans la même tessiture on se retrouve avec des voicing très serré que je trouve personnellement très interessant et très riche et j’ai donc plutôt explorer la piste des triades « normales ». Mais d’autres pistes sont à découvrir.

Par cette technique je commence à entendre ce que je cherchais au Stick par rapport au Jazz. A savoir cette harmonie très riche que l’on retrouve chez les pianistes (le meilleur exemple étant Bill Evans). Et comme cela se construit avec des triades, même des accords très altérés restent très « audibles » car nous avons cette sonorité de triades inscrit inconsciemment dans notre oreille.

Et une fois de plus le principe de base est très simple.

Dans le Pdf l’accord complet est écrit en haut du système et la superposition des deux triades est entre le système solfège et les tablatures. J’ai commencé par les accords majeurs, puis les accords mineurs et enfin les accords de dominante.

Pour terminer je vous ai mis quelques exemples de voicing sur des II/V/I reposant sur ce principe.

Voilà j’espère que vous prendrez autant de plaisir que moi à explorer ce concept. Concept qui m’a conforté dans le fait que, pour le Jazz en tout cas, le Stick fonctionne plus comme un piano que comme une guitare.

Bon travail …… ça vaut le coup !